La pièce de théâtre “Le Musée des fous”, un psychodrame aux formes comiques sur la triste réalité du citoyen, artiste fut-il ou intellectuel, a été présentée, lundi soir à Alger, devant un public peu nombreux.
Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna) dans le cadre du programme d’animation des soirées du mois sacré du Ramadan, le spectacle, écrit et mis en scène par Youcef Taouint, a été conduit par huit comédiens qui ont réussi à porter, 75 mn durant, une trame aux contours existentiels.
Trois personnages schizophrènes, campés par Aymen Bonatero, Ayoub Hemaïdi et Chawki Benfliti, se prenant respectivement pour William Shakespeare, Albert Einstein et Wolfgang Amadeus Mozart, décident, dans un lieu où le suicide est interdit, de mettre fin à leurs jours car se sentant inconsidérés et mis à l’écart “de peur de les voir un jour, rayonner dans la société par leur savoir et leur créativité”.
Internés dans un Musée, “Shakespeare”, “Einstein” et “Mozart” vont être pris en charge par une praticienne en stage, rendue par Sara Haddad, à qui “Padré”, le directeur de l’établissement interprété par Zaki Mougafi, a signifié que l’obtention de son diplôme de médecin était tributaire de sa réussite à les convaincre de ne pas se suicider.
Deux serveurs, joués par Tadjeddine Ramdane et Dounia Khider, ainsi qu’un gardien de nuit, au jeu époustouflant, incarné par Samir Labri, s’occupent également du bien être des trois “patients”, dans un vaudeville plein de farces et de rebondissements, destiné à “dédramatiser le drame”, explique le scénariste-metteur en scène.
Dans des atmosphères relevées par un rythme de dialogues ascendant notamment, un éclairage judicieux, feutré ou vif, a servi le spectacle, doté d’une scénographie multifonctionnelle, œuvre de Mohamed Berdjane, faite d’éléments amovibles facilement transformables en une variété de mobiliers.
Les comédiens ont fait montre de leurs grandes capacités à donner vie à un texte où les caractères des personnages sont des plus complexes, évoluant dans des rôles soutenus par une rhétorique réaliste et un jeu plein qui a occupé tous les espaces de la scène.
Sur des corpus musicaux bien choisis, de diverses ambiances culturelles qui ont donné un aspect universel à la thématique traitée, de belles chorégraphies, signées Riadh Berroual, ont aidé à l’intégration de manière quasi-naturelle, de l’expression corporelle dans l’esprit de la trame, lui donnant une force visuelle et esthétique appréciée par le public qui a longtemps applaudi les comédiens.
Dans une mise en scène intelligente, Youcef Taouint, secondé par Mohamed Yanina, a su répercuter “les déboires” d’une jeunesse qui peine toujours à se faire une place dans une société délabrée, où le monde des choses règne en maître absolu sur celui des idées, une situation causée “bien souvent par l’incompétence et l’irresponsabilité”, selon le metteur en scène.
La pièce de théâtre, “Le Musée des fous” est produite par le Mouvement Théâtral de Koléa (MTK) qui compte à son actif, depuis sa création en 1995 par Youcef Taouint, plusieurs distinctions nationales.