MEDEA – Ville ancestrale, dont l’architecture a été façonnée, au grès des séjours des multiples communautés qui se sont succédées sur la région, Médéa recèle un trésor patrimonial pluriculturel menacé, aujourd’hui, de disparition par l’extension urbaine anarchique qui s’est opérée sur place.
Délaissé pendant des décades, ce patrimoine a subi, au fil du temps, les aléas du climat, mais, surtout, l’agression des mains prédatrices de l’homme, peu soucieux de l’importance et la valeur de ce legs patrimonial, que certaines bonnes volontés tentent, depuis quelques années, de préserver et promouvoir, dans la perspective de lui assurer une attractivité touristique à la mesure de son statut d’ancienne capitale du Beylique du Titteri.
Ainsi, une série de projets de préservation a été lancée, à partir de 2004, pour la sauvegarde des sites historiques, considérés comme les symboles de la ville et sa richesse culturelle et patrimoniale, situés à l’intérieur de l’ancien noyau urbain de la ville de Médéa, bâtit sur les ruines d’une bourgade romaine.
L’opération de sauvegarde, concrétisée grâce aux fonds débloqués par les pouvoirs publics, dans le cadre de la mise en valeur et la promotion du patrimoine local, a ciblé l’ancienne résidence de l’Emir Abdelkader, qui abrite, actuellement, le musée régional des arts et des traditions populaires, le mausolée de Sidi-Sahraoui, l’un des saints patrons de la ville et le minaret de la mosquée “Cheikh Lahmar”, seul élément architectural de ce lieu de culte, construit vers le 16é siècle, resté en l’état.
L’ambitieuse opération de sauvegarde, qui devait toucher d’autres sites, va connaitre, entre 2010 et 2012, une période d’arrêt, en raison du manque de liquidités financières, mais également par les nouvelles orientations décidées par la direction locale de la culture, qui s’était fixée comme priorité d’intégrer l’ensemble des opérations de sauvegarde à venir dans un plan d’intervention global, selon le directeur de cette structure, Brahim Benabderahmane.
Le premier objectif de cette démarche, freiner l’expansion urbaine anarchique à l’intérieur du périmètre à préserver, identifier les sites et édifices, qui ont une portée historiques, nécessitant des travaux de préservation, associer d’autres parties, principalement les habitants, et l’impliquer dans la réalisation des objectifs tracés pour le cours et moyen terme, a-t-il expliqué.
Après plusieurs années de travail laborieux, le site abritant l’ancienne ville de Médéa est classé en patrimoine national et une étude préliminaire portant élaboration d’un plan de mise en valeur du secteur sauvegardé est lancée, à partir de 2018, dans le sillage de la nouvelle démarche prônée par la direction locale de la culture.
Une mouture du plan permanent de préservation et de sauvegarde de l’ancien noyau urbain de la ville de Médéa, qui renferme des édifices séculiers de styles romain, ottoman ou colonial a été examiné le mois d’avril passé pour enrichissement, à l’occasion d’une séance qui a regroupé, en sus des cadres du secteur de la culture, des élus locaux, des architectes et des urbanistes, ainsi que des représentants d’associations activant dans le domaine du patrimoine et de l’archéologie.
L’approbation de ce plan de préservation, qui devrait intervenir, dans les prochains mois, selon Benabderahmane, offre une “meilleure visibilité” sur la nature des actions urgentes à entreprendre, les sites à cibler, les missions dévolues à chaque partie impliquée dans ce travail de sauvegarde, que ce soit les collectivités locales, les services de l’urbanisme, l’Office national d’assainissement, les Affaires religieuses, propriétaires de certains lieux de cultes et biens wakfs ou les résidents.
Le diagnostic du site classé, lors de l’élaboration de ce plan de préservation, permis une “bonne maitrise des actions qui seront menées dans le futur, de pouvoir agir efficacement sur le terrain et atteindre graduellement les objectifs tracés”, note, pour sa part, Ahmed Merbouche, chef du service patrimoine au niveau de la direction locale de la culture.
En dépit de la complexité de la tâche et de l’envergure des actions qui seront entreprises pour la matérialisation de ce plan de préservation et de sauvegarde, le promoteur de ce projet, en l’occurrence la direction locale de la culture, “est décidé à aller au bout de sa démarche” et reste “optimiste” sur les chances de faire aboutir ce grand chantier.
Le défi mérite d’être relevé, car, sans ce travail de préservation, c’est accepter de voir de pans importants de ce patrimoine disparaitre et, avec une partie de l’histoire de la ville, estime M. Merbouche, confiant, toutefois, quant à la volonté des pouvoirs publics, des protecteurs du patrimoine et des citoyens de la ville, à s’investir pleinement dans cette tâche et d’en faire une destination touristique qui profiterait à tous.