Le bijou d’Ath Yenni: un patrimoine et une Histoire

Le bijou d’Ath Yenni: un patrimoine et une Histoire

TIZI-OUZOU – Hérité des Ath Abbas, dans l’actuelle wilaya de Béjaïa, émigrés dans le sillage du fondateur du royaume de Koukou, Ahmed Belkadi, vers 1515, le métier de bijoutier s’est, depuis, confondu avec l’Histoire de la région d’Ath Yenni, au Sud de Tizi-Ouzou.

Chassé de Bejaïa par les Espagnols, le futur roi de Koukou, Ahmed Belkadi, était allé chercher refuge sur le flanc Nord du Djurdjura, emmenant avec lui ses fidèles, parmi eux, la famille Allam qui préféra s’installer à Ath Yenni, et partant, donner naissance à une grande aventure, le travail de l’argent et de la bijouterie.

A son arrivée, “cette famille fut recueillie par les Mammeri et trouva une société prédisposée au travail manuel et artistique, qui demandait surtout de la doigtée et de la patience, et qui travaillait toutes sortes de métaux. Le travail se faisait en famille, au retour des champs, notamment, et chacun, hommes, femmes, petits comme adultes, y mettait du sien”, souligne Cherif Ousmer, descendant d’une famille de bijoutiers depuis plusieurs  générations.

Dès lors, le travail de la bijouterie a été adopté par la région et est devenu, aux côtés de l’orfèvrerie et de l’ébénisterie, un de ses symboles entretenus et préservés de génération en génération. Les grosses pièces sont généralement commandées à l’avance tandis que les quelques petits bijoux fabriqués sont vendus aux différentes occasions sociales.

Les bijoux fabriqués en argent sont frappés de poinçon de garantie pour attester que ce n’est pas du cuivre. Souvent, un autre poinçon portant le nom du prophète Mohamed (QSSL) qui équivaut à un serment, est ajouté par le fabriquant.

Quant à la variété des couleurs, elle porte, elle aussi, beaucoup de symbolique.

Ainsi, “le rouge du corail, symbolise le feu et le sang, le jaune, le soleil et les épis d’herbes mûries, le vert, la verdure de la nature qui se rapporte aussi au paradis, le bleu, le ciel et la mer, et le blanc de l’argent, l’eau et la quiétude”, explique le bijoutier.

Beaucoup d’artisans de la région qui avaient adopté le métier de bijoutier, parmi eux Nedir El Hadj Mohamed, Ourad El Hadj Salem, Abad Abdellah et Nedaf Hocine, avaient participé à des manifestations internationales à Paris, notamment, où ils avaient été primés et avaient assisté à l’inauguration de la Tour Eiffel, mais aussi à Chicago, à l’exemple de Boussad Ougal.

Durant la période ottomane, un impôt sur les récoltes a été imposé, appelé par les populations locales “l’impôt du joug”, les Ath Yenni, fort de ce nouveau savoir, l’utilisèrent pour fabriquer de la fausse monnaie pour payer les percepteurs d’impôts envoyés d’Alger.

Lors du colonialisme français en Algérie, et face à la résistance des populations à l’armée française, les autorités coloniales prirent la décision d’interdire la fabrication des armes et de la coutellerie dans la région. Plusieurs familles se sont alors converties en bijoutiers, dont le père de l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri.

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Source : APS

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