TIZI-OUZOU- La 16e édition de la fête du bijou d’Ath Yenni (Tizi-Ouzou) dont le coup d’envoi a été donné le 28 juillet dernier, connait en ces jours de chaleur caniculaire une affluence record, au grand bonheur des habitants de la localité, des artisans exposants et des propriétaires des petits commerces, fortement affectés par la pandémie (Covid-19).
Ath Yenni ou Beni-Yenni (35 km au sud-est de Tizi-Ouzou) vit depuis une semaine au rythme de la nouvelle édition de la fameuse fête du bijou qui se poursuivra jusqu’au 6 août courant.
Le nombre de véhicules et de bus arrivant sur l’artère principale de la commune témoigne d’une présence de visiteurs pas facile à contenir en raison de l’étroitesse de la voie.
Pour remédier à la situation, les responsables de l’Assemblée populaire communales (APC) ont dû réaménager l’accueil des visiteurs, au nombre d’environ 2500/jour, selon les organisateurs, en procédant à la déviation de la circulation au niveau de certains axes, notamment du lieudit Vava-Hamza dans le sens des retours.
Les salles de la Maison de jeunes Keddache Ali abritant la 1ère exposition étaient pratiquement pleines dès le premier jour de la fête. “Lors des précédentes éditions, nous mettions plutôt trois à quatre jours à vraiment démarrer. Je pense qu’il y a une réelle envie du public de renouer avec ce genre d’activités et de retrouver le contact humain après deux années de restrictions dues à la pandémie de la Covid-19”, a confié un artisan approché par l’APS.
S’agissant du profil des visiteurs, celui-ci est assez diversifié: des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes. Une dame et sa fille, vraisemblablement une future mariée, négocient le prix de trois jolis bijoux anciens: Avizim (broche ronde), Tazibba (collier) Amchloukh (bracelet), un trio indispensable pour accessoiriser une robe kabyle le jour J.
Le père ne pouvant continuer à assister en spectateur passif, s’est approché d’un stand tenu par un artisan venu de la wilaya de Tamanrasset. Il succombe finalement à un marque-page.
Des produits artisanaux variés
En effet, outre les expositions-ventes de bijoux en argent d’Ath Yenni, les exposants, 141 au total venus d’une vingtaine de wilayas, selon les chiffres avancés par les organisateurs, proposent toutes sortes de produits artisanaux (la tannerie, la broderie, la tapisserie, sérigraphie sur tous support, la poterie, la vannerie et autres). Une occasion pour les participants de faire connaître et commercialiser leur créations artisanales.
L’activité des services commerciaux a également renoué avec la prospérité après avoir été longtemps affectée par la pandémie de Covid-19.
“Cela fait vraiment longtemps que l’on attend ce moment”, s’exclame une femme tenant une échoppe. Son conjoint applaudit aussi cette reprise: “Cela fait deux ans de doute à se demander quand et si on allait revoir du monde”, a-t-il confié.
Le couple avoue avoir envisagé de mettre carrément la clé sous le paillasson, le volume des ventes ayant connu une stagnation durant de longs mois. Pour lui, cette réouverture “arrive juste à temps”.
Néanmoins, cette édition qui se poursuivra encore quatre jours, apporte son lot de contraintes. Le plan de répartition de stands est “peu commode” notamment pour les visiteurs contraints de parcourir plus de 500 mètres sous un soleil brûlant pour rallier le deuxième site se trouvant au CEM Larbi Mezani. Une fois sur le site, c’est à un double droit d’entrée qu’ils se confrontent.
L’accès aux deux sites coûte 30 DA par personne, un tarif “symbolique”, affirment les organisateurs.
La nouvelle édition est placée sous le thème “Bijoux d’Ath Yenni, algérianité et authenticité”. L’avantage cette année, comme l’explique le président de l’Assemblée populaire communale (P-APC) d’Ath Yenni, Abdellah Djennane, c’est que des familles proposent des maisons d’hôtes en vue de promouvoir le tourisme solidaire, une forme d’accueil très appréciée par les artisans touchés de plein fouet par la crise sanitaire.
Outre les expositions de bijoux traditionnels et de toutes sortes de produits d’artisanat, la fête d’Ath Yenni comprend des ateliers, des pièces théâtrales et des soirées musicales. La manifestation sera ponctuée aussi par une série de conférence-débats qui seront animées par d’éminents spécialistes en management et des questions culturelles et économiques.
Le docteur et directeur du Centre national de Recherche Préhistorique, Anthropologique et Historique (CNRPAH), Slimane Hachi, a abordé lors d’une conférence, notamment les mesures engagées par l’Etat pour préserver le bijou d’Ath Yenni en tant que patrimoine national. Il a assuré que son centre “œuvre depuis quatre ans pour le classement du bijou d’At Yanni à l’UNESCO, comme patrimoine de l’humanité”.