TAMANRASSET – La valorisation du legs ancestral de la bijouterie traditionnelle dans la wilaya de Tamanrasset, pour le pérenniser et assurer sa transmission intergénérationnelle, du fait qu’il constitue un élément identitaire de la région, focalise les efforts des acteurs locaux du secteur de l’Artisanat.
Dans cette perspective, la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAM) de la wilaya de Tamanrasset s’emploie, depuis sa création en 2003, à développer et promouvoir la bijouterie traditionnelle, à travers, entre autres, l’organisation de programmes et manifestations de formation et de perfectionnement des artisans dans divers créneaux de l’artisanat.
Une démarche a été ainsi entreprise pour l’élaboration d’un programme de développement des activités artisanales, l’homologation de produits artisanaux, notamment des articles des bijoutiers immatriculés à la CAM, dont les effectifs ne cessent de croître, a indiqué à l’APS le directeur de la CAM, Abdallah Legraoui.
La maison de l’Artisanat recense 221 artisans en bijouterie traditionnelle, sur 7.000 artisans immatriculés à la CAM dans les wilayas de Tamanrasset, In-Salah et In-Guezzam, dont 66 issus de la wilaya de Tamanrasset, a précisé M.Legraoui, en marge de la célébration du mois du patrimoine (18 avril-18 mai).
Créée en 2008, la maison de l’Artisanat comprend une vingtaine de locaux, dont neuf (9) consacrés à la bijouterie traditionnelle, en sus de 12 ateliers de formation, sachant que 85% des produits d’artisanat écoulés sont constitués de bijoux traditionnels.
De plus, ces efforts sont confortés par la participation des artisans aux diverses manifestations locales et nationales, ajoutés à l’accompagnement étatique dont ils ont bénéficié en termes de promotion de l’investissement et de valorisation de leurs activités, sans omettre le volet formation/qualité avec l’ouverture, à Tamanrasset, d’une école pilote de gemmologie.
L’école de gemmologie, lieu de développement de la qualité des bijoux
Depuis son ouverture en 2016, l’école-pilote de taille et de façonnage des gemmes, fruit de la coopération algéro-brésilienne, s’attèle à assurer des qualifications aux artisans dans les volets de la taille et du façonnage des pierres précieuses et semi-précieuses, de la fonte, de la production des bijoux et du design.
L’établissement a contribué à la formation de 81 formateurs-gemmologues, dont 10 femmes, issus de 18 wilayas du pays, alors que 26 artisans ont bénéficié d’une formation complémentaire au Brésil, sachant que 38 formateurs de la wilaya de Tamanrasset assurent l’encadrement de coopératives spécialisées dans la bijouterie traditionnelle.
Pour mettre en valeur cette formation fructueuse, un des formateurs à l’école-pilote de Tamanrasset, Mohamed Kaoula, a indiqué que “les connaissances, le savoir-faire et les techniques acquis lors de leur formation ont été capitalisés dans l’exploitation et l’utilisation de pierres précieuses dans leurs œuvres, sachant que la région de Tamanrasset regorge de plus de 60 types de pierres précieuses non exploitées auparavant”.
La coopérative “Issaghen”, localisée au quartier de Sorro, à Tamanrasset, a fait, de son côté, d’une pierre deux coups en mettant à la disposition de ses clients et des touristes une panoplie de produits de bijouterie et en assurant la formation des artisans pour renforcer leur expérience et savoir-faire dans le domaine de la bijouterie traditionnelle.
Cependant, la bijouterie traditionnelle se heurte à de multiples contraintes qui risquent d’hypothéquer son développement et sont inhérentes notamment à l’approvisionnement en matière première, l’argent essentiellement, à l’ère de la rude concurrence dans la filière, estiment des professionnels du secteur.
Raison pour laquelle les professionnels du secteur de l’Artisanat suggèrent la réouverture, à Tamanrasset, de l’antenne de l’Agence nationale de transformation et de distribution de l’or et autres métaux précieux (AGENOR), ancien pourvoyeur des artisans en matières premières.
Ceci, en plus de l’importance de l’accompagnement des artisans dans l’écoulement de leurs œuvres à travers les différentes manifestations locales et nationales, et leur soutien direct au titre du Fonds national de promotion de l’artisanat des petits métiers (FONAPRAM).