CONSTANTINE- Perchée sur une colline et érigée en escaliers, l’antique ville de Tiddis, située dans la commune de Beni H’midane, à 30 km au nord-ouest de Constantine, est une merveille architecturale et d’ingénierie en quête de valorisation.
Ancien village berbère nommé Taddart ou Ras Eddar, comme l’appellent les habitants de la région, Tiddis ou ”Castellum Tidditanorum” déroule plus de 3000 ans d’histoire allant de l’ère libyque à byzantine en passant par les périodes punique et romaine. Mais en dépit de ce prestigieux passé, elle demeure méconnue par des générations.
Mise au jour par l’archéologue français André Berthier à partir de 1940, Taddart, la ville militaire romaine bâtie pour protéger l’antique Cirta ”lutte” pour un statut de site exceptionnel témoin de passage de plusieurs civilisations.
Tiddis, en quête de mise en valeur et de sauvegarde
Lancé en 2014 dans le cadre des préparatifs de l’événement Constantine, capitale 2015 de la culture arabe, avec l’espoir de faire émerger Tiddis, le plan permanent de mise en valeur et de sauvegarde des sites archéologiques (PPMVSSA) de Taddart n’est toujours pas ficelé.
Le directeur local de la Culture et des Arts, Aribi Zitouni a assuré que le PPMVSA est ”au stade de l’enquête publique, l’ultime étape avant le dépôt du plan de la mise en valeur et de sauvegarde pour approbation à l’Assemblée populaire de wilaya (APW) puis par l’Assemblée populaire nationale (APN)”.
Une fois débattu et approuvé, la démarche sera soldée par la promulgation d’un décret ministériel permettant la mise en valeur du site à travers des opérations de sauvegarde structurées et réglementées, a-t-il expliqué.
Et de détailler : ”L’étude du plan permanent de mise en valeur et de sauvegarde des sites archéologiques PPMVSSA consacrée à la ville de Tiddis a impliqué toutes les parties concernées, élus, responsables de l’exécutif et universitaires”.
Le responsable a relevé que les opérations d’éclairage du site Tiddis et l’installation des signalisations seront les premières démarches à entreprendre dès la validation du PPMVSSA, rappelant que des opérations d’accompagnement dont la réhabilitation de la voie d’accès vers ce site archéologiques ont été déjà lancés par les autorités locales.
Sur le site, le responsable de la sécurité, Ameur Talbi, a affirmé connaître de père en fils l’histoire de chaque pavé de cette ville antique.
”Dès mon jeune âge, j’accompagnais mon père et grand-père, qui était apprenti de l’archéologue André Berthier sur le site, c’est un peu chez moi ici”, confie-t-il à l’APS.
Grimpant la colline sur laquelle Tiddis est bâtie en escalier, le responsable de la sécurité et le guide des lieux remonte l’histoire d’un site enchanteur et présente les vestiges du site. Pour lui, la propreté et la sécurité des lieux sont une autre manière de mettre Tiddis en valeur.
”10 agents de sécurité et de prévention se relayent sur le site pour assurer sa sécurité et sa propreté, appuyés dans notre mission par les services de sécurité, qui envoient fréquemment des patrouilles et à tout moment de la journée”, a indiqué M. Talbi, affirmant que ce site est visité aussi bien par des nationaux que des étrangers du quatre coins du monde”.
En véritable connaisseur du site, M. Tabli raconte Tiddis, depuis la bazina, tombe commune circulaire propre à la période numide, qui interpelle de loin le visiteur, à l’arc marquant l’entrée de la cité forteresse en passant par les vestiges des thermes, d’une huilerie et des temples.
Le plus captivant également pour les visiteurs, selon le responsable de la sécurité, est le génie et la technicité adoptés dans cette cité pour relier les citernes et le grand réservoir d’eau, pour l’alimentation en eau des habitants.
Promouvoir Tiddis grâce aux réseaux sociaux
Sur les 40 hectares que compte la cité antique de Tiddis, seuls 7 ha soit environ 20% ont été fouillés et répertoriés, a souligné pour sa part la responsable locale de l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC), Widad Bouzahzah.
”En moyenne 1200 personnes par mois visitent le site Tiddis et des pics sont enregistrés durant le printemps et l’automne”, a-t-elle affirmé, relevant que l’OBEBC, chargé de la gestion de Tiddis œuvre pour ”promouvoir la cité et faire connaître son histoire”.
Et de souligner : ”L’OGEBC s’emploie à travers les supports technologiques d’information et de communication notamment sur ses pages officielles de l’Office sur les réseaux sociaux, à mettre en lumière Tiddis et la valeur des vestiges mis au jour ainsi qu’à informer sur les nouveautés en matière de gestion du site”.
”La ville qui était une forteresse avancée pour protéger Cirta des attaques étrangères, recèle des ruines témoignant de la succession des civilisations depuis la nuit des temps ”, a indiqué la responsable, rappelant de l’existence sur ce site de monuments mortuaires collectifs, des dolmens et un mobilier funéraire, témoignant du passage de vieilles civilisations et suscitant la curiosité de nombreux passionnés d’histoire.